Donc je suis
« Il n’y a pas de sagesse à laisser passer la vie et à s’abstenir d’agir. » Ou à écrire. Ainsi cogite l’auteur acclamé Maurice Henrie dans Donc je suis, qui puise son inspiration de la célèbre formule du philosophe français, René Descartes.
Car ici, écrire rime avec réfléchir, et avec exister. Brefs, compacts et chargés, ces vingt-cinq essais philosophiques, qui entremêlent contemplation, opinion, souvenir, et sont magnifiquement couronnés d’exergues tirés de la grande littérature universelle. Ils traduisent une urgence existentielle d’immortaliser noir sur blanc sa pensée, une fébrilité de dire à peine dissimulée dans la main qui tient le stylo, mais aussi un poids de vivre devant le temps qui passe trop vite.
D’un essai à l’autre, Henrie aborde les sujets qui lui sont les plus chers : le vieillissement de l’esprit, le consentement aux lois de la nature qui nous dominent depuis la naissance jusqu’à la mort, une théorie de l’opacité, de la dureté et de la sonorité, la lutte contre l’éparpillement de l’être.
L’essayiste se prononce également sur des sujets plus actuels, comme le phénomène des temples de la renommée, la robotisation envahissante, le mystère de l’engouement pour les œuvres d’art. Il se montre particulièrement clairvoyant quand il parle de la gestion du mérite ou du sort déplorable que la société réserve aux artistes, en particulier les écrivains.
Donc je suis est un ouvrage remarquable, où l’imaginaire, la rêverie et la pensée philosophique règnent en rois. À lire, à la lueur de la flamme d’une chandelle…